Où es-tu, comment te portes-tu,
Toi que j'ai porté
Il y a 20 ans, nous avons décidé que je laisserais le travail pour m'occuper de la grande famille que nous voulions, nous avions à ce moment une petite fille de 1 an.
Nous leur donnerions tout, tout... Le meilleur, du temps et de l'amour, l'essentiel quoi.
Quelques mois plus tard est arrivé le deuxième, il est resté 15 heures...
Quel deuil... Nous avions 25 et 26 ans... Nous l'avons bercé, touché et pleuré...
Il est venu, parti, mais fera parti de nos vie et de notre famille pour toujours.
Nous avons vécu ce deuil dans une grande sérénité, entouré d'amour, de la petite et de nos parents et amis.
Un an après arrivait le troisième, Merci la Vie, en santé et beau comme un coeur, le portrait tout craché de son frère décédé.
Un ans et 1/2 après nous arrivait un autre petit miracle, un vrai petit clown, d'une douceur, d'une tendresse, d'une curiosité, quel bonheur, quelle chance.
Nous n'aurions pas la grande famille voulue, mais nous avions une belle famille, 3 beaux enfants en santé, Merci la Vie, nous en prendrons soins, ils aurons le meilleur.
Toi que j'ai tant aimé
Toi que j'ai tant bercé
Donne des nouvelles, je les attends, tous les soirs
comme ces histoires que j'ai tant racontées
Toi que j'ai tant aimé
Toi que j'ai tant bercé
Donne des nouvelles, je les attends, tous les soirs
comme ces histoires que j'ai tant racontées
Toi et moi, on a bien rit,
On a fait des conneries,
On a fait des biscuits,
Mangé des spagettis,
Coloré des macaronis,
Joué au Monopoly, au Rommoly,
En pâte à modeler on a fait des souris,
En papier mâché, construit des tipis,
On s'est tout dit, on s'est toujours compris...
Nous leur avons tout donné, lait maternel, couches de coton, purées maison, Maman à la maison et Papa heureux et relax le soir en arrivant, n'ayant comme seules pensées sa femme et ses enfants. Quelle belle vie !
Et moi, j'ai décidé au même moment de ne pas me perdre dans ce rôle de mère, je serais la meilleure Maman, la meilleure femme, la meilleure amie, je travaillerais mon couple solidement, mais je travaillerais sur moi aussi...
Donc, je me suis impliquée dans ma communauté, travaillé à mettre sur pied une Agence de Garde en Milieu Familiale, C.A. Maison de la Famille, C.A. Maison pour Femme en besoin,
puis vint les comités d'école, les conseils d'établissement, le hockey, les tournois, la balle, le soccer, etc...
J'ai fait une différence, j'étais solide, intelligente, productive, comme je l'avais toujours été, mais sous une autre forme.
Toi que j'ai tant aimé
Toi que j'ai tant bercé
Puis, ça basculé,
La maladie est arrivée, j'étais au meilleur de ma forme, j'avais perdu les vingt livres de trop après les quatre grossesses, nous étions très actifs dans la communauté...
Puis tout a basculé...
Les médicaments m'ont fait perdre toutes capacités...
Capacités mentales, organisationnels, de concentration, problèmes de vision, problèmes de peur, anxiété, etc, etc, etc, ...
J'ai dû tout laisser tomber les comités, fatigue extrême, peur, panique, anxiété...
J'ai manqué l'année de hockey du petit, moi qui n'avais jamais même manqué une pratique.
J'ai laissé mon chum et mon fils partir seuls pour des tournois hors ville, nous nous étions jamais séparés en 9 ans de hockey... Je n'étais physiquement plus capable de suivre.
Je marchais deux pieds derrière mon chum, et ce quand je sortais, car mes sorties étaient comptées, ne sachant jamais quand la prochaine crise arriverait et comment elle frapperait. Et ce sans compter les autres effets secondaires qui s'accumulaient en augmentant les médicaments pour la névralgie... Entre autre, l'estomac, les intestins...
J'étais devenue l'ombre de moi-même !
Tu t'es perdu,
L'ombre de moi-même...
Plus de sauce à spag dans le congèl, plus de soupe aux légumes, plus de soupe aux pois, plus de cretons maison, plus capable d'organiser ma maisonnée, plus de contrôle sur rien...
Plus capable de prendre aucune décision...
Perdue, totalement...
T'as pris la rue,
Je n'ai pas pris la rue, j'avais mon amour, mes enfants, mes parents, mais combien de fois me suis-je vue dans une pièce blanche de quatre murs avec rien d'autre qu'un petit frigo et de l'eau pour contrer cette maudite sécheresse causée par la médication...
Combien de fois, combien de fois, pour n'avoir rien à penser, n'avoir rien à dire, n'avoir rien à faire, qu'à dormir, dormir, dormir, dormir...
Il aurait fallu,
Te faire soigner...
Je me fais soigner, mais voilà, à ce jour, les médicaments contrôlent mieux mes douleurs, j'ai apprit à vivre avec, mais, je ne suis plus MOI, je ne suis plus la même, moi je le sais, moi je me manque, moi qui ai toujours si bien pris soins de moi...
Moi je ne me reconnaîs plus, la femme forte, si intelligente, si solide, si en contrôle.
L'ombre de moi-même...
Donne des nouvelles, je les attends, tous les soirs
comme ces histoires que j'ai tant racontées
Toi que j'ai tant aimé
Toi que j'ai tant bercé
As-tu trouvé,
Stabilité, acceptation,
Confiance, solidité,
Compréhension, libération,
Une main tendue,
Il aurait fallu...
Faudrait-il... ?
L'opération au cerveau réglerait-elle le problème ?
Je ne sais pas, je ne réussis pas à me concentrer, à analyser, à comprendre...
J'ai beau essayer de voir les pours et les contres, je ne réussis pas.
Pour l'instant on dirait que j'attends une réponse de la vie, de l'haut de là, de je ne sais qui ?
De mes trippes ! Mais rien ne vient.
Je ne sais pas, j'attends...
Donne des nouvelles, je les attends, tous les soirs
comme ces histoires que j'ai tant racontées
Toi que j'ai tant aimé
Toi que j'ai tant bercé
Quand tu trouveras,
Tu reviendras,
Je serai là...
J'espère toujours, qu'un jour, je reviendrai, pour MoI, pour mon mari, pour refaire du vélo, pour reprendre confiance en moi et refaire cette solidité qui me caractérisait, pour mes enfants pour vivre avec eux au maximum, leurs études, leurs unions, leurs enfants, pour les petit-enfants, afin de pouvoir les gâter, leur cuisiner des plats bizarres, comme disait ma fille, mais toujours bons, (en comparaison aux plats congelés qu'elle bouffait chez ses amis), pour mes parents, pour qui c'est supposé être et non le contraire...
J'espère toujours revenir...
ET je te bercerai...
J'espère toujours revenir...
Toi que j'ai tant aimé
Toi que j'ai tant bercé
JE TE BERCERAI...
photo S.T.